De ma Poupée,
j'ai perdu
la robe
autoportraits
D'une poupée, posée sur une étagère,
J'ai cherché à me défaire.
Mal à l'aise dans une prison,
De chiffon,
De plastique, ou de porcelaine,
Mon corps, objet du panoptique,
A fini de subir le chant des sirènes.
Petite Poupée russe,
Sors de ta cachette.
Je n'ai jamais été très a l'aise avec l'expression physique de ma féminité. Je me suis toujours trouvée gauche, à en faire trop, ou pas assez, un peu comme une enfant dans des habits trop grands pour elle. Je patauge depuis longtemps avec ce malaise.
J'ai grandi avec des poupées souriantes, maquillées et qui portaient des robes et des talons hauts. C’est cliché, mais comme beaucoup, j'ai longtemps cru que c'était ça "être féminine". Avec le temps je me rends compte qu'être féminine est surtout un ressenti, une subjectivité, et sur l'autre versant : une construction sociale.
Me reconnaître femme n’a jamais empêché que cette part de moi me questionne beaucoup, et c’est souvent inconfortable.
Car, cette façon d'être à moi, je l’ai beaucoup combattue. Parce qu’elle me fait parfois me sentir fragile, inappropriée, pas assez compétente ou qu’elle me rappelle une histoire sociétale et millénaire qui me serre la gorge. En grandissant, j’ai appris à avoir peur et honte à la fois, de montrer mes jambes et de mettre un décolleté, comme s’il y avait forcément une intention derrière une apparence. Avec le temps, j’ai compris que j’avais tendance à me voir par le prisme du regard des autres et donc à me sentir souvent « validée sous conditions ».
Aujourd’hui, je me rends compte que je n’ai pas de définition de la féminité. Que peut-être il n’y en a aucune d’ailleurs. Et que sans doute, être féminin.e, comme être masculin.e revêt plus d’une aisance à être pleinement soi, et de se foutre du brouhaha ambiant. En ce qui me concerne, c’est un travail de tous les jours.
Mais aussi sûrement que mon appropriation de ma féminité est branlante par moment, je sais aussi que c’est grâce à sa complexité que je suis celle que je suis à présent.
Les autoportraits sont rares dans ma démarche. Celui-ci s’est imposé à moi comme un besoin soudain, de mettre en images ma féminité souvent intangible, et la diversité des émotions qu’elle provoque en moi.
La série :